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SAPHO, DOMPTEUSE

mais ses forces commençaient à la trahir, un voile de sang obscurcissait sa vue. Elle songea à la retraite, voulut écarter la panthère noire qui lui faisait obstacle.

— Hop ! hop ! Mirah.

Mais la bête n’obéissait plus. Elle était assise sur son arrière-train, la tête rejetée avec colère, les oreilles collées aux tempes comme fait un chat en courroux. Ses prunelles métalliques étincelaient dans l’ombre ainsi que deux globes de feu. Sa gueule, en un rictus infernal, découvrait les gencives roses et les crocs luisants ; ses pattes de velours noir, énormes, étaient repliées contre le corps, prêtes à se détendre dans un effort prodigieux.

Elle regardait Christian, et, certes, si les barreaux de la cage n’avaient formé une barrière invincible, elle se serait déjà jetée sur son ennemi qu’elle couvait d’une ardeur meurtrière.

— Hop ! hop ! Mirah.

La dompteuse avait frappé la bête et plantait entre ses yeux un regard où se concentrait toute son énergie amoureuse et magnétique.