Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
SAPHO, DOMPTEUSE

Arlette, sa compagne, était également mince et nerveuse avec moins de régularité dans les traits. Mais sa peau était blanche comme le lait, et rien n’égalait la grâce de ses mouvements, l’harmonie de sa démarche lente et balancée.

Une robe de linon rose, couverte de panneaux d’Irlande, épousait amoureusement ses formes impeccables ; un grand chapeau empanaché d’aigrettes et de plumes ondoyantes couvrait ses cheveux blonds savamment oxygénés.

— Enfin ! s’écria Ludovic Nandel, en embrassant Faustine, qui lui rendit son baiser, nous ne mourrons pas d’ennui, ce soir !…

Yves Renaud, l’étudiant pâle, s’était emparé d’Arlette et la lutinait en riant.

— Grand fou ! dit-elle, en lui pinçant le bras, tu vois bien que tu chiffonnes ma robe ; or, mon cher, c’est ma plus chic !

— Je t’en donnerai une autre.

— Avec quoi ?

— Avec l’argent du paternel, pardi.

— Oh ! il t’a rogné les vivres.

— Oui, mais je lui ai offert le grand jeu : maladie, remèdes, médecin, etc…