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Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/81

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SAPHO, DOMPTEUSE

sur sa proie, la gueule béante et l’œil en flamme. Elle allongea, hors de la cage, sa patte formidable, hérissée de griffes, fit entendre un rauquement profond.

Christian, dédaigneux, lui jeta son gant qu’elle mit en morceaux, puis, il sifflota une marche guerrière, insultant à la fureur du fauve.

La salle se remplissait d’un public joyeux et élégant, venu pour fêter l’incomparable Sapho, la dompteuse à la mode.

Les femmes exhibaient des toilettes sensationnelles, posaient sur leurs genoux des étoles précieuses de dentelles et de plumes. Un subtil parfum se mêlait à l’odeur âcre des bêtes enfermées dans leurs boxes étroites.

Le comte de Sazy, maintenant, fermait les yeux pour suivre, à son aise, sans mouvement et sans volonté, les capricieuses arabesques d’idées et d’images que la démence enroulait et déroulait dans l’atmosphère du rêve. Il lui semblait entendre, tout à coup, des cris déchirants, angoissés, horribles, comme des hurlements de femme égorgée. Cela recommençait,