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SAPHO, DOMPTEUSE

Quand, dans ta face ardente et sombre,
Plus fiévreux ton œil s’est ouvert !

Va, les lionnes rugissantes
Ont oublié leurs dieux velus,
Tes amoureuses caressantes
Dans la nuit ne te suivront plus !

Sapho s’arrêtait, mais les bravos éclataient frénétiquement, demandant d’autres couplets, car la dompteuse avait une voix superbe et toute la science d’une véritable cantatrice. Elle reprenait donc d’une façon saisissante et tragique, toujours accompagnée par le rauquement sourd de la bête qui ressemblait à une plainte de violoncelle :

Comme toi, meurtris par leur cage,
Pleurent mes fougueux sentiments ;
Je les laisse épuiser leur rage,
Mourir de leurs énervements.

La Raison, de sa main royale,
A frappé mes divinités ;
Seule, elle règne, glaciale,
Mes pauvres lions sont domptés !

Une dernière fois, la jeune femme embrassait la panthère, car elle ne l’obligeait plus à l’é-