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SAPHO, DOMPTEUSE

La jeune femme, selon son habitude, jouait avec Mirah, la panthère favorite, s’allongeant sur elle, se roulant entre ses pattes, mettant sa tête contre son mufle puissant. Et la bête ronronnait, se faisait caressante et enjôleuse pour savourer plus longtemps la caresse aimée. Avec des miaulements tendres, elle se frottait contre le corps parfumé de la femme, la regardait avec des yeux noyés d’amour.

— Chante ! disait Sapho avec autorité.

Mirah acquiesçait du front, préludait par un long gémissement.

La dompteuse chantait alors, d’une voix fraîche et sonore, accompagnée en sourdine par la panthère qui semblait comprendre la mesure et restait dans le ton, s’arrêtant et reprenant quand il le fallait :

Fauve puissant, seigneur des jungles,
Ton regard est farouche et beau ;
Lorsque avec le dompteur tu jongles,
Un grand frisson ride ta peau !

J’aime à te voir errer dans l’ombre
Avec le regret du désert,