ainsi présenter sa chair impeccable, désarmée, à la convoitise des fauves et des hommes.
D’ailleurs, sa nudité demeurait chaste, car la beauté parfaite est une œuvre d’art qui ne saurait inspirer que des pensées d’amour élevées et pures. Seule la laideur est choquante, immorale.
La déesse descendit de son piédestal, fit manœuvrer ses terribles compagnons.
Ils franchirent des barrières, crevèrent des cerceaux de papier, montèrent aux barreaux et se laissèrent tomber en exécutant le saut périlleux. Des rampes de flammes, des feux d’artifice crépitants précipitèrent leur course, ils tournèrent dans un emportement de vitesse, un délire d’épouvante, tandis que la dompteuse tirait à leurs oreilles des coups de revolver, puis, grimpant sur le dos d’un des énormes lions, sautait avec lui les obstacles et se retrouvait debout au milieu de la bande soumise.
Seule, une des lionnes, boudeuse, n’avait pas voulu obéir. Elle s’était acculée dans un coin, demeurait immobile malgré les objurgations et les menaces.