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Page:La Vie Ouvrière, année 1, 5 octobre — 20 décembre 1909.djvu/12

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ses subordonnés, MM. Fontaine et Finance. Ceux-là furent ses meilleurs valets ; ceux-là acceptèrent des missions qu’un Keufer aurait peut-être refusées. Ce phénomène est dans l’ordre des choses ; le zèle se mesure au besoin que l’on éprouve de faire oublier un passé compromettant. Pour ces mêmes raisons on peut être certain que M. Briand descendra plus bas que ses collègues.

Le nouveau président du conseil fit porter ses intrigues sur les militants connus pour leurs idées révolutionnaires. Il réussit à circonvenir plusieurs d’entre eux, sans pour cela aboutir selon le plan établi. C’est que, comme sous le premier ministère Millerand, si des faiblesses et des lâchetés étaient possibles, le nombre des hommes capables de les commettre était peu élevé. Néanmoins, il parvint, par ses fidèles, à jeter le trouble parmi les rangs révolutionnaires, d’où la crise présente dans laquelle se débat le syndicalisme.

Mais que M. Briand se soit montré ce qu’il a toujours été, même au temps de son prosélytisme révolutionnaire, c’est-à-dire un homme dénué de tout scrupule, qu’il soit prêt à tout pour consolider sa situation personnelle de raté stérile, il ne sera pas pour l’histoire le corrupteur du mouvement ouvrier, et le novateur de pratiques abjectes.

Ces titres appartiendront à M. Millerand. C’est pourquoi à son retour on a été incité à voir une réapparition du millerandisme là où il y a une simple consolidation d’une méthode de gouvernement.

D’ailleurs, à nos yeux, M. Millerand est plus dangereux que son chef ; il a un plan, un esprit de suite, une méthode de travail. M. Briand n’a rien. Il est un bohème des brasseries montmartroises étonné de son ascension rapide et qui, grisé, n’exerce son peu d’activité que pour se river à sa fonction. Il lui im-