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Page:La Vie Ouvrière, année 1, 5 octobre — 20 décembre 1909.djvu/16

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aurait pesé la responsabilité d’une situation semblable ?

Puis les invitations pour des soirées ministérielles parviennent à des militants… M. Deschanel, président de la Chambre, imite les ministres, et au lendemain de Chalon, il organise une soirée à laquelle il convie des militants des syndicats. Notons que les personnages qui vont chez M. Millerand trouvent scandaleuse l’initiative de M. Deschanel, sous le prétexte qu’on ne peut rendre visite au président d’une assemblée qui tolère et approuve les massacres ouvriers.

Le retour de M. Millerand, la réintégration, comme en 1899, des postiers, ne sont l’objet d’aucune adresse de félicitations, ni d’aucune proposition de banquet. Nous sommes convaincu que si les fidèles avaient voulu renouveler les faits d’autrefois, le ministre s’y serait opposé par habileté, afin de ne pas éveiller la moindre attention sur ses projets et ses intentions, et aussi pour ne heurter aucune susceptibilité.

Mais il ne s’ensuit pas que les intrigues poursuivies par MM. Briand, Viviani vont se ralentir ! Au contraire, elles vont se précipiter, plus déguisées que jadis, rencontrant comme autrefois des concours intéressés. M. Millerand connaît les portes qui cachent ces concours. Il lui sera aisé de les faire ouvrir.

Une chance de plus qu’en 1899 est à l’actif de M. Millerand : les fonctionnaires. En effet, s’il y a parmi eux d’excellents esprits, des hommes de conscience, nombreux sont ceux qui ne rêvent que d’avancement et de sinécures. Il est à craindre que ceux-là ne constituent avec des organisations ouvrières la garde qui soutiendra le ministre et ses collègues. C’est pourquoi, malgré que l’issue de l’épreuve ne nous épouvante point, nous estimons que pour résister à l’intrigue, pour lui faire face, pour en détruire les effets, il faudra toute la vigilance des révolutionnaires, que les charmes ministériels laissent indifférents.