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Page:La Vie Ouvrière, année 1, 5 octobre — 20 décembre 1909.djvu/15

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plus confiance en elle parce que par vos intrigues vous auriez jeté parmi elle la corruption créant le dégoût et l’avilissement.

Nous avons la conviction que là où il y eut échec en 1900, il y aura également échec en 1909. Pour notre part, nous nous y emploierons de notre mieux. Nous avons trop connu les manœuvres qui s’abattirent sur le mouvement ouvrier, pour que celles qui s’annoncent et se préparent trouvent en nous plus de crédit. Quoi qu’il en soit, nous ne regrettons pas cette époque ; elle cimenta une union qui a grandi l’action syndicale et l’a fortifiée. La période qui s’ouvre aura-t-elle le même résultat ? L’avenir le dira.

Constatons que M. Millerand a débuté dès son arrivée au ministère comme il débuta il y a dix ans. En 1899, en mai, éclata la grève des facteurs parisiens. Les révocations frappèrent les meilleurs éléments. En juin, M. Millerand est ministre, et aussitôt il réintègre les révoqués. Cette mesure fut bien accueillie par les organisations syndicales ; il y eut un moment d’enthousiasme ; un défenseur des intérêts ouvriers était ministre ; il pouvait tout. Que n’allait-il pas donner ! Vingt mois plus tard, la fusillade du François à la Martinique étonne… ; deux mois après celle de Chalon exaspère…

Dès la signature de réintégration des facteurs, la joie ressentie dans les groupements ouvriers a ses interprètes. Les secrétaires d’organisations, Keufer, Baumé, Moreau, Briat, etc… signent en cette qualité une adresse de félicitations à M. Millerand. Quelques jours plus tard, Keufer parle de faire organiser par les syndicats un banquet offert au ministre. Sans notre opposition, la chose était faite. Si on eût accepté, quelle eût été notre situation en présence de l’assassinat de la Martinique et de Chalon ? Combien nous