Page:La Vie littéraire, I.djvu/23

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en sortirons fous. La destinée de l’homme est de tomber successivement dans des excès contraires. Au moyen âge, l’ignorance enfantait la peur. Il régnait alors des maladies mentales que nous ne connaissons plus. Maintenant, nous courons, par l’étude, à la paralysie générale. N’y aurait-il pas plus de sagesse et d’élégance à garder la mesure ?

Soyons des bibliophiles et lisons nos livres ; mais ne les prenons point de toutes mains ; soyons délicat, choisissons, et, comme ce seigneur d’une des comédies de Shakespeare, disons à notre libraire : « Je veux qu’ils soient bien reliés et qu’ils parlent d’amour. »

Je ne me flatte pas que ce petit livre ait rien d’amoureux ni qu’il mérite une belle reliure. Mais on y trouvera, vous le savez, cher monsieur, une parfaite sincérité (le mensonge veut un talent que je n’ai pas), beaucoup d’indulgence et quelque naturelle amitié pour le beau et le bien.

C’est pourquoi j’ose vous l’offrir, cher monsieur, comme un trop faible témoignage de gratitude, d’estime et de sympathie.

A. F.