Page:La Vie littéraire, I.djvu/350

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vrai ; qui, du moins, s’en rapproche. Eh bien, ce sens des origines, cette divination du passé perdu, cette connaissance des humanités enfantines et neuves, M. Renan les possède au plus haut degré. Il l’a montré dans toutes les parties de son ouvrage qui confinent à la légende et présentent des scènes primitives, que le soleil de l’histoire n’a pas éclairées. Il a découvert avec un flair spécial, un tact parfait, ce qui demeurait noyé dans le crépuscule du matin.

Cet art, ce don, comme on voudra l’appeler, M. Renan a dû l’exercer pleinement dans cette histoire d’Israël, dans cette antique histoire qu’on voit sortir toute sauvage de contes d’enfants et de poésies rustiques. Il a rapporté de ses voyages en Orient des fonds toujours vrais pour ces scènes pastorales ou guerrières, dont son intelligence d’artiste retrouve la forme et le sentiment. Il ne convient pas de parler aujourd’hui de son livre. J’essaye seulement d’indiquer les qualités essentielles de l’historien, surtout celles qu’il a montrées dans un chapitre déjà connu, celui de Saül et de David. Je ne puis me défendre de donner ici le portrait que M. Renan trace de plus ancien roi d’Israël. C’est un excellent exemple à l’appui de ce que je viens d’avancer.

« Il (Saül) demeurait habituellement dans son bourg d’origine, à Gibéa de Benjamin, qui fut de lui appelé Gibéa de Saül. Il menait là, en famille, sans aucun faste ni cérémonial, une simple