Page:La Vie littéraire, II.djvu/117

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couchées face contre terre, privées de la tête ou d’un membre, qu’on retrouvait du côté opposé ; ce qui semble bien indiquer le mouvement d’une personne qui, se tenant au bord du tombeau, casserait en deux l’objet qu’elle tient et jetterait de chaque main un des morceaux dans la fosse. » Que signifiait ce rite funèbre ? Pourquoi mutilaient-ils ainsi ces petites images humaines ou divines ? On ne sait.

Elles sont pour la plupart, extrêmement curieuses. Le Louvre en possède une partie. Plusieurs sont charmantes ; presque toutes ont de l’agrément. Pourtant elles ont perdu leurs vives couleurs. Primitivement toutes étaient peintes. Au sortir du four on les trempait dans un bain de lait de chaux, puis on les recouvrait de teintes claires parmi lesquelles dominaient le bleu et le rose. Ainsi, harmonieuses et vives dans leur fraîche nouveauté, elles réalisaient ce rêve de statuaire polychrome si cher de nos jours à l’érudit sculpteur, M. Soldi.

Bien différentes des figurines de Tanagra, qui gardent je ne sais quoi de sévère dans la coquetterie même, les terres cuites de Myrina expriment tout le sensualisme et tout l’énervement de l’Asie. L’artiste aime à marquer en lignes molles et douces l’incertitude du sexe et il se plaît à modeler des adolescents aux formes féminines. Tel est le joli Éros qu’on peut voir au Louvre, les cheveux bouclés sur le front et coiffé d’une sorte de fanchon. Il incline doucement sa tête charmante. Il vole— car il a des ailes. Sa tunique ouverte laisse voir ses jambes presque mâles, qui conviendraient à une Diane. On