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Page:La Vie littéraire, II.djvu/166

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plantes connaissent et désirent : elles se réjouissent de porter des feuilles et s’affligent en les sentant mourir. L’esprit, qui détermine toute forme et toute pensée, a donné l’empire à l’homme en lui donnant deux mains. La contemplation de la nature, une soumission triste et fière aux lois éternelles, le sentiment de la puissance des choses et de la faiblesse de l’homme, voilà ce qu’Euripide jeune était fait pour comprendre à l’école de ce philosophe, profond dans l’observation des phénomènes et grand par la liberté de son esprit. La physique d’Anaxagore était tout à fait rationnelle. Du fils d’Hypérion, de « l’infatigable Hélios qui, traîné par ses chevaux, éclaire les hommes mortels et les dieux immortels », elle faisait un bloc incandescent, plus grand que le Péloponnèse. Pour elle, les vents n’étaient plus divins et résultaient d’une raréfaction soudaine de l’air. Anaxagore révéla la cause des éclipses aux Athéniens qu’il priva ainsi d’une terreur antique et chère. Accusé d’impiété, il fut sauvé de la mort par les larmes de Périclès. Les Athéniens l’exilèrent ou plutôt, comme il le disait, ils s’exilèrent de lui. Il se retira à Lampsaque. Sa dernière pensée fut bienveillante et révèle un vieillard souriant : il demanda que l’anniversaire de sa mort fût un jour de congé pour les écoliers. Il mourut à l’âge de soixante-douze ans ; et l’on croit qu’il sortit volontairement de ce monde, où il avait beaucoup pensé.

Son disciple, bien jeune encore, se révéla poète. La première année de la 81e olympiade, il fit représenter