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sur toute la vie d’Euripide. Il allait parfois méditer ses tragédies dans son île natale. Oh montra depuis, à Salamine, une grotte où le plus ancien des poètes de la mélancolie rêvait dan ! l’ombre. Un Alexandrin a dit de lui, avec une élégante brièveté :

« Le disciple du noble Anaxagore était d’un commerce peu agréable : il ne riait, guère et ne savait pas même plaisanter à table, mais tout ce qu’il a écrit, n’est que miel et que chant de sirènes. »

Bien qu’il aimât à converser avec quelques amis, il se plaisait surtout au commerce des livres.

Il possédait une bibliothèque, chose rare et nouvelle à cette époque, où chacun ne prenait guère de poésie, de science ou de philosophie, que ce qui en sonnait dans l’air plein de parfums et d’abeilles. Son goût de la lecture était si vif qu’il comptait pour un des bienfaits de la paix de pouvoir « dérouler ces feuilles qui nous parlent et qui font la gloire des sages » . Son long visage, que nous représentent les bustes antiques, portait les sillons de la fatigue et du chagrin. Un front, plus, haut que large, des cheveux rares au sommet de la tête et tombant en boucles au-dessous des oreilles, de grands yeux pensifs, les coins de la bouche un peu tombants, tout était en lui d’un homme doux et triste, que la vie n’a point épargné.

Il était lié d’amitié avec Socrate qui enseignait alors la sagesse dans les boutiques des barbiers. Le fils de Phénarète, qui n’allait guère au théâtre, assistait pourtant à la représentation de toutes les tragédies d’Euripide