Page:La Vie littéraire, II.djvu/217

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Voyez-vous un bon ou un mauvais signe en cette maîtrise de tous les arts, y compris celui d’écrire, par la critique moderne ? Enfin, où est l’avenir ? »

« Agréez, monsieur, etc.

 CHARLES MORICE.

Une semblable lettre est faite pour me flatter et surtout pour m’embarrasser. Mais, à vrai dire, les questions que me pose M. Charles Morice, chacun des lecteurs de la Vie littéraire a le droit de me les poser. C’est pourquoi je vais répondre de mon mieux et publiquement :

 À monsieur Charles Morice.

« Monsieur,

» Vous êtes esthète et vous voulez bien me croire esthète. C’est me flatter. Je vous avouerai, et mes lecteurs le savent, que j’ai peu de goût à disputer sur la nature du beau. Je n’ai qu’une confiance médiocre dans les formules métaphysiques. Je crois que nous ne saurons jamais exactement pourquoi une chose est belle.

» Et je m’en console. J’aime mieux sentir que comprendre. Peut-être y a-t-il là quelque paresse de ma part. Mais la paresse conduit à la contemplation, la contemplation mène à la béatitude. Et la béatitude est la récompense des élus. Je n’ai pas le talent de démonter les chefs-d’œuvre, comme le faisait excellemment sur cette terre notre regretté confrère M. Maxime Gaucher. Je vous fais cet aveu, monsieur, pour que vous ne soyez