Page:La Vie littéraire, II.djvu/218

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pas désagréablement surpris si mes réponses manquent tout à fait d’esprit de système. Vous me demandez mon avis sur la jeune littérature. Je voudrais, en vous répondant, prononcer des paroles souriantes et de bon augure. Je voudrais détourner les présages de malheur. Je ne puis, et je suis contraint d’avouer que je n’attends rien de bon du prochain avenir.

» Cet aveu me coûte Car rien n’est doux comme d’aimer la jeunesse et d’en être aimé. C’est la récompense et la consolation suprême. Les jeunes gens vantent si sincèrement ceux qui les louent ! Ils admirent et ils aiment comme il faut qu’on admire et qu’on aime : trop. Il n’y a qu’eux pour jeter généreusement des couronnes. Oh ! que je voudrais être en communion avec la littérature nouvelle, en sympathie avec les œuvres futures ! Je voudrais pouvoir célébrer les vers et les « proses » des décadents. Je voudrais me joindre aux plus hardis impressionnistes, combattre avec eux et pour eux. Mais ce serait combattre dans les ténèbres, car je ne vois goutte à ces vers et à ces proses-là, et vous savez qu’Ajax lui-même, le plus brave des Grecs qui furent devant Troie, demandait à Zeus de combattre et de périr en plein jour.

 [Grec : En de phaei chai olesson…]

» J’en souffre, mais je ne me sens attaché aux jeunes décadents par aucun lien. Ils seraient Cynghalais ou Lapons, qu’ils ne me sembleraient pas plus étranges.

» Cela est à la lettre. Tenez : on vend pour un sou, tout