d’études et se réveillant dans les nuits d’avril à la pensée qu’il gèle et que ses pommiers sont en fleur. Le trait est de Rollin. Ce bon homme n’entretenait pas d’autre inquiétude dans son âme pure comme celle d’un enfant. Je vous dis en vérité que Gyp m’a appris à estimer le bon Rollin. Elle nous enseigne que les heureux de ce monde ne sont point dignes d’envie, qu’ils sont misérables dans leurs joies et ridicules dans leurs élégances. Je m’en doutais bien. Mais tout le monde ne le sait pas. Gyp semble nous dire : ce n’est ni dans la beauté des attelages ni dans le luxe des femmes que réside le souverain bien, et l’on peut passer toutes ses matinées de printemps dans l’allée des Poteaux sans y trouver la joie du cœur. Je me figure que, si saint Antoine avait lu Gyp dans le désert, il aurait retrouvé un peu de tranquillité à la pensée que le monde ne vaut pas qu’on le regrette. Il se serait dit que sa tête de mort et son écuelle de bois valaient bien après tout les bulles de savon du petit de Tremble et les coupes de champagne de Joyeuse. Et puis il n’aurait pu s’empêcher de rire, et un saint qui rit est bien près de devenir un sage ; il est sauvé. Plus j’y songe, plus je suis tenté de recommander les œuvres de Gyp aux personnes qui professent l’ascétisme.
Gyp a pénétré philosophiquement la vanité des habits de coupe anglaise. Je soupçonne de mon côté qu’il y a quelque vanité dans l’étude de la prosodie grecque et des mosaïques byzantines. Mais, s’il faut choisir entre les vanités, nous préférerons celles qui font oublier, qui