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Page:La Vie littéraire, II.djvu/267

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consolent, qui donnent à l’existence la paix avec la dignité. Voilà ce qu’enseigne Gyp en souriant. C’est pourquoi je la tiens pour un écrivain des plus moraux. Si j’étais de M. Camille Doucet, je n’aurais point de cesse que Dans l’train et les Séducteurs n’eussent reçu de l’Académie française un prix Montyon.

Je sais bien que les femmes de Gyp sont ravissantes et qu’elles ont autant d’esprit que leurs adorateurs en ont peu. Je sais que Paulette est exquise, je sais que madame de Flirt et madame d’Houbly sont faites pour nous donner quelque trouble. Mais que voulez-vous ? Il faut bien que la philosophie s’accommode du charme des femmes. Il n’y a pas de sagesse capable de supprimer la beauté vivante. Ce serait d’ailleurs une effroyable sagesse. C’est un fait qu’il y a de jolies femmes sur la terre. Les livres ne le diraient pas, qu’on le verrait bien tout de même. Gyp ne craint pas de nous montrer de ravissantes créatures ; mais, en même temps, elle nous fait comprendre qu’il est ardu et décevant de vouloir les aimer de trop près, et c’est là justement qu’elle se révèle moraliste consommé.

Je vous en ferai juge et je prendrai mon exemple dans le dernier livre de mon auteur. Il s’appelle les Séducteurs ! et il est dédié à M. Jules Lemaître. Un livre placé sous un tel vocable ne peut offenser aucune des Muses. Aussi bien est-ce chose légère et douce. Je choisirai sans crainte le dialogue le plus intime de tout le livre, parce qu’à le bien entendre il est aussi le plus philosophique.