Page:La Vie littéraire, II.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

désirs du petit de Tremble les cinquante-deux boutons de la robe de madame de Flirt, « cinquante-deux boutons, sans compter les tresses et les olives d’argent qui croisent dessus… Il faut vingt minutes pour les mettre. » Enfin elle est ravie de montrer qu’une égoïste sensualité jointe à un sot amour-propre fait de l’homme une fâcheuse bête. Gyp a raison, tout cela est ridicule. Ces hommes et ces femmes sont d’une misérable petitesse. Pourtant donnez-leur une seule chose qui leur manque, ils deviendront beaux et touchants. Qu’ils aient la passion, que ce soit un sentiment vrai, une émotion profonde qui les jette dans les bras l’un de l’autre, et ils cesseront aussitôt de paraître ridicules et mesquins ; au contraire, ils nous inspireront de douces sympathies, et nous dirons en les voyant passer : « Ceux-là sont heureux ! Ils ont fait descendre le ciel sur la terre. Ils sont l’un pour l’autre un vivant idéal. Ils mettent l’infini dans une heure et ils réalisent Dieu en ce monde. Il nous faut envier jusqu’à leurs douleurs. Car elles contiennent plus de joies que la félicité des autres hommes. »

Voilà encore une inspiration sublime que nous devons à l’auteur de Plume et Poil. J’affirme qu’il y a peu d’écrivains qui aident comme Gyp à la culture et à l’amendement de la personne morale.