éblouissant, des yeux verts tout pailletés d’or, de petites dents de chien dans une bouche trop grande. » Point belle, à peine jolie, mais expressive et mordante. Elle est au goût du jour et ne manquera pas de faire, après son mariage, « sensation » dans le monde. Elle sera la femme moderne, le nouvel idéal. Son nez, sa bouche, c’est précisément le nez, la bouche que nous attendions. Elle a du « chien » comme on dit, et point de ligne, rien de classique. Qu’elle soit la bienvenue !
Les femmes majestueuses, d’une beauté de déesse, que le XVIIe siècle a célébrées, ennuieraient aujourd’hui nos mondains, qui ne comptent pour rien le plaisir d’admirer. Les ingénues à la Greuze nous sembleraient elles-mêmes un peu fades, malgré leur candeur déjà rougissante. Il nous faut mieux que la cruche cassée, mieux que le pot au lait renversé d’Aline. Il nous faut Loulou, avec son petit nez insolent et sa bouche de gamin de Paris, Loulou, qui ressemble vaguement à Gavroche.
Elle est le vin bleu, fait pour agacer un instant les palais usés et brûlés. Et, comme ce vin bleu se déguste dans un fin cristal, la saveur en devient, par le contraste, plus forte et plus piquante.
Ne nous y trompons pas : Gyp est un grand ironique, un ironique sans colère et sans amertume, avec un naturel qui va parfois jusqu’à l’inconscience. Le beau monde qui se mire dans les fins portraits de Gyp, en souriant de s’y trouver tant d’élégance, ne soupçonne pas, je suis sûr, ce qu’il y a de raillerie plus ou moins