Page:La Vie littéraire, II.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

volontaire dans le choix que l’artiste sut faire des attitudes, des expressions et des mouvements de ses figures. Certes, je ne voudrais, pour rien au monde, mettre en défiance les simples lecteurs de ces dialogues d’un nouveau Lucien, moins précieux et plus naturel que l’autre, mais, sans vouloir chercher de quelle perfidie charmante est capable l’esprit qui créa Bob, Paulette et Loulou, je me demande, non sans inquiétude, si la postérité malveillante, quand elle voudra se représenter notre société, ne sera pas tentée d’emprunter quelques traits aux légères esquisses des conteurs de la Vie parisienne. Nous nous permettons bien, nous, de chercher dans Restif de la Bretonne, qui pourtant n’avait, lui, ni finesse, ni grâce, quelques-uns des secrets de nos trisaïeules.

Ceux qui jugeront nos filles d’après Loulou diront que ces enfants-là ne manquaient ni d’esprit ni de sens, ni d’une sorte de facilité aimable ; qu’ils n’étaient point méchants, mais qu’ils étaient aussi mal élevés que possible.

Ils ne se tromperont pas tout à fait. L’éducation en France a perdu de sa force et de sa fermeté. Jadis elle florissait vigoureusement sur cette terre antique de la politesse. Elle y a produit la plus belle société du monde. Maintenant la famille bourgeoise a cessé d’être l’excellente éducatrice qui jadis formait dès l’enfance des hommes capables de tous les emplois et de toutes les charges. C’est par ces travaux domestiques que la bourgeoisie éleva ses fils au-dessus des nobles et s’empara