Page:La Vie littéraire, II.djvu/275

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était l’avenir. Rien ou presque rien n’était laissé au sentiment de l’enfant :

 Le devoir d’une fille est dans l’obéissance.

Ces hommes d’épée avaient des idées simples, étroites et fortes. Ils y pliaient tout.

Aujourd’hui, nous sommes plus intelligents et plus instruits, nous avons plus de tendresse et de bienveillance. Nous comprenons, nous aimons, nous doutons davantage. Ce qui nous manque, c’est surtout la tradition et l’habitude. En perdant l’antique foi, nous nous sommes déshabitués de ce long regard en arrière qu’on appelle le respect. Or, il n’y a pas d’éducation sans respect.

Nos convictions sont parfois opiniâtres, mais en même temps incertaines et neuves. En morale, en religion, en politique, tout est contestable, puisque tout est contesté. Nous avons détruit beaucoup de préjugés et, il faut bien le reconnaître, les préjugés— j’entends de nobles et universels préjugés— sont les seules bases de l’éducation. On ne s’entend que sur des préjugés ; tout ce qui n’est pas admis sans examen peut être rejeté.

Les parents de Loulou ne savent pas comment élever leur fille, parce qu’ils ne savent pas pourquoi ils l’élèvent. Et comment le sauraient-ils ? Tout autour d’eux est incertain et mouvant. Ils appartiennent à ces classes dirigeantes qui ne dirigent plus et que leur incapacité et leur égoïsme ont frappées de déchéance. Ils font partie d’une aristocratie qui tombe et s’élève selon qu’elle