Page:La Vie littéraire, II.djvu/301

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LEXIQUE[1]


La pluie froide et tranquille, qui tombe lentement du ciel gris, frappe mes vitres à petits coups comme pour m’appeler ; elle ne fait qu’un bruit léger et pourtant la chute de chaque goutte retentit tristement dans mon cœur. Tandis qu’assis au foyer, les pieds sur les chenets, je sèche à un feu de sarments la boue salubre du chemin et du sillon, la pluie monotone retient ma pensée dans une rêverie mélancolique, et je songe. Il faut partir. L’automne secoue sur les bois ses voiles humides. Cette nuit, les arbres sonores frémissaient aux premiers battements de ses ailes dans le ciel agité, et voici qu’une tristesse paisible est venue de l’occident avec la pluie et la brume. Tout est muet. Les feuilles jaunies tombent sans chanter dans les allées ; les bêtes résignées se taisent ; on n’entend que la pluie ; et ce grand silence pèse sur mes lèvres et sur ma pensée. Je voudrais ne rien dire. Je

  1. Dictionnaire classique de M. Gazier.