expérience suppose une hypothèse préalable que cette expérience a pour but de vérifier. Or le naturalisme, s’interdisant toute hypothèse, n’a aucune expérience à faire. Le chef de cette école littéraire, qui parle tant d’expériences, rappelle à cet égard un physiologiste fort connu dans l’histoire des sciences ; le bonhomme Magendie, qui expérimenta beaucoup sans aucun profit. Il redoutait les hypothèses comme des causes d’erreur. Bichat avait du génie, disait-il, et il s’est trompé. Magendie ne voulait pas avoir de génie, de peur de se tromper aussi. Or, il n’eut point de génie et ne se trompa jamais. Il ouvrait tous les jours des chiens et des lapins, mais sans aucune idée préconçue, et il n’y trouvait rien, pour la raison qu’il n’y cherchait rien. Cela, c’est le naturalisme dans l’ordre scientifique. Claude Bernard, qui succéda à Magendie, rendit ses droits à l’hypothèse. Il avait l’imagination grande et l’esprit juste. Il supposait les choses et les vérifiait ensuite, et il fit de vastes découvertes. Si l’hypothèse est nécessaire dans l’ordre scientifique, on ne croira pas qu’elle soit funeste dans l’ordre littéraire, et l’on permettra à M. Gilbert-Augustin Thierry de considérer, avec des idées préconçues, les fatalités de l’atavisme, la lutte pour la proie et même le conflit de la suggestion et de la responsabilité.
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la vie littéraire.