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BRAVE FILLE[1]


Il y a eu deux ans au mois d’août dernier, je traversais avec trois ou quatre amis, pieds nus, la baie de Somme à marée basse. Nous nous éloignions de ces hauts remparts de Saint-Valéry dont l’embrun a couvert les vieux grès d’une rouille dorée. Mais ce n’avait pas été sans nous retourner plusieurs fois pour voir l’église merveilleuse qui dresse sur ces remparts ses cinq pignons aigus percés, au XVe siècle, de grandes baies à ogives, son toit d’ardoises en forme de carène renversée et le coq de son clocher. Devant nous le sable blond de la baie s’étendait jusqu’à la pointe bleuâtre du Hourdel, où finit la terre, et jusqu’aux lignes basses de ce Crotoy, qui reçut Jeanne d’Arc prisonnière des Anglais. Au large, d’où soufflait le vent du nord, on apercevait une goélette norvégienne chargée sans doute de planches de

  1. Par M. Fernand Calmettes, Société d’éducation de la jeunesse, 1 vol. in-8o, figures.