clément aux vaincus ; souvent la légèreté et la dureté du soldat français ont excité les haines de l’étranger. Ne désire pas trop qu’on te craigne ; César et Néron furent redoutés : ils périrent. Ne te fie pas à la jeunesse, crois aux vieillards. Ainsi tu égaleras les aïeux et mériteras le ciel. »
Il n’est pas douteux que Valerand ne prête ses propres sentiments politiques à l’empereur Charlemagne. Et il faut reconnaître que notre docteur en théologie se fait une belle idée du souverain. Louis XI, assurément, en fournit plus d’un trait. Il fut un roi selon le cœur de Valerand, et par son amour pour les petits, et aussi, ce qui importe moins, par la pureté de ses mœurs privées ; car, conformément au précepte de chasteté, assez déplacé dans la bouche de Charlemagne, le roi Louis le Onzième se contenta de la reine sa femme, « encore qu’elle ne fût pas telle, dit Comynes, qu’il ne pût y prendre un grand plaisir » .
M. Prarond, dans son commentaire, compare le Mystère du siège d’Orléans, au De gestis Joannæ virginis et oppose très ingénieusement « aux hexamètres du légionnaire trop armé les courtes lignes à rime simplette de l’archer bourgeois » . Et comme il préfère l’archer ! Comme on sent qu’il donnerait tout Varanius pour ces huit petits vers seulement :
LE ROI
Or ça, Jehanne, ma doulce fille, Vollez vous doncques estre armée ? Vous sentez vous assez agille Que vous n’en soyez pas grevée ?