vieux poètes du XVe siècle qui nous fournissent ce précieux témoignage de la piété des Français pour la mémoire de leur amie.
Le Mystère du siège d’Orléans, dont nous parlions tout à l’heure, fut représenté dans cette ville dès l’année 1435, le jour anniversaire de la délivrance de la cité. Ce mystère, où Dieu le père, la Vierge et les saints, se mêlent aux gens d’armes, est composé de vingt mille cinq cent vingt-neuf vers, dit M. Marius Sépot, que je veux croire sur parole. Ces vers sont le fait de plusieurs bonnes gens qui les fabriquèrent de leur mieux, avec beaucoup de naïveté. La pièce se termine au retour de Jeanne à Orléans, après la bataille de Patay, la plus rapide, la plus joyeuse, la plus allègre de nos victoires.
On me dit que l’habile directeur de l’Odéon, M. Porel, demande aux poètes une Jeanne d’Arc nouvelle. Je n’ai de conseil à donner ni aux poètes ni à M. Porel. Mais il me semble que la meilleure manière de mettre sur la scène cette admirable Jeanne, ce serait de faire, non un drame ou une tragédie, mais un simple mystère, composé de scènes détachées, qu’on prendrait dans les chroniques et qu’on traduirait en un langage tout à fait populaire, en vers très naïfs, s’il était possible. Il faudrait ne recourir à aucun artifice dramatique et faire succéder les tableaux sans les lier les uns aux autres, à peu près comme fait Shakespeare dans ses Histoires. On devrait, dans ce travail à la fois simple et minutieux, craindre surtout l’éloquence des mots, qui nuirait à celle des