Page:La Vie littéraire, II.djvu/390

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Charles VII, terminés par Martial d’Auvergne en 1484 :

 En ceste saison de douleur
 Vint au roy une bergerelle
 Du villasge de Vaucouller
 Qu’on nommait Jehanne la Pucelle.
 C’estoit une povre bergière,
 Qui gardoit les brebis es champs,
 D’une douce et humble manière,
 En l’aage de dix-huit ans.
 Devant le roy on la mena,
 Ung ou deux de sa cognoissance,
 Et alors elle s’enclina
 En luy faisant la révérence.
 Le roy par jeu si alla dire :

« Ha ! ma mye, ce ne sui-je pas. »

 À quoi elle respondit : « Sire,
 C’estes vous, ne je ne faulx pas.
 Au nom de Dieu, si disoit-elle,
 Gentil roy, je vous meneray
 Couronner à Rains, qui que veille.
 Et siège d’Orleans leveray. »

Maintenant, il ne nous reste plus qu’à rappeler la ballade de Villon, pour compléter notre anthologie des vieux chantres de la bonne Jeanne, parmi lesquels on regrette de ne pas trouver ce duc d’Orléans qu’elle aima tant et à qui elle fit tant de bien sans l’avoir jamais connu. Comment, puisqu’il faisait des ballades, n’en fit-il point pour Jeanne ?

À compter du XVIe siècle, la langue et les sentiments sont changés. Aucun poète ne trouve le ton juste pour chanter la Pucelle. Je citerai, par exemple, une épigramme de Malherbe :

 L’ennemy, tous droits violant,
 Belle amazone en vous bruslant
 Témoigna son âme perfide ;