Page:La Vie littéraire, II.djvu/69

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la nature dont il jouit. Il veut connaître. Immortel d’hier,

             Une vague inquiétude,
 Le souci de savoir, que nul front fier n’élude,
 Le mal de l’inconnu l’avait déjà tenté.

À ce signe encore, je le reconnais pour un de nos frères. Il n’a pas dépouillé le vieil homme ; il reste, par l’esprit, citoyen de la vieille petite planète où quelque scoliaste latin écrivit un jour cette maxime : « On se lasse de tout excepté de comprendre. »

Faustus évoque, dans son inquiétude, le lointain souvenir des connaissances humaines. D’abord, il se remémore les systèmes philosophiques de l’antiquité grecque ; puis il passe en revue les alexandrins, les scolastiques. Enfin il affronte les modernes, Bacon, Descartes, Pascal, Spinoza, Leibnitz, Locke, Berkeley, Hobbes, Hume, Kant, Fichte, Hegel, Schopenhauer, Comte… Celui-ci l’arrête, lui interdit les spéculations métaphysiques et lui impose une vue générale du savoir humain. Mais cette philosophie ne le conduit pas à la connaissance de l’origine et de la fin des choses : la résignation qu’elle impose à sa curiosité inassouvie ne lui répugne pas moins que la témérité des conceptions métaphysiques. Faustus, désespérant de trouver la vérité dans l’enseignement des penseurs terrestres, renonce à leur secours décevant.

Il a, dès lors, épuisé les joies du sentiment et celles de l’intelligence. Or, pendant qu’il goûtait son insensible félicité, le chœur des plaintes humaines, sans cesse