grossissant depuis les âges les plus reculés, montait de la terre au ciel. Il atteint enfin la planète habitée par Stella. Faustus entend ces plaintes, les reconnaît et sent se réveiller en lui la conscience et la sympathie fraternelles.
Oh ! quelle gémissante éloquence enfle la voix de la Terre !
Lamentable océan de douleurs, dont la houle Se soulève en hurlant, s’affaisse et se déroule, Et marche en avant sans repos ! N’est-il donc pas encore apparu sur ta route Un monde fraternel où quelque ami t’écoute : N’auras-tu nulle part d’échos ?
Faustus, à cette voix, se promet de redescendre sur la terre pour apporter aux hommes le secours de sa science ; Stella le suivra et partagera son sacrifice. La mort obéissante viendra les reprendre.
Que l’homme est peu fait pour l’immortalité ! Faustus et Stella semblaient la respirer comme un fluide étouffant. Leur mort a la douceur joyeuse d’une renaissance. On sent qu’elle rendra les amants à leur véritable destinée. Le poète a trouvé, pour la chanter, des accents exquis et rares, je ne sais quoi de fin, de délié, de subtil (il faut revenir à ce mot). Il a extrait la quintessence de sa poésie :
La tombe est toute faite et, pour l’heure fatale, L’aube leur a tissé des suaires d’opale. Ils regagnent leur couche et se livrent tous deux En silence, à l’asile aujourd’hui hasardeux Que leur ouvre ce lit, odorante corbeille, Où depuis si longtemps leurs bonheurs de la veille