Page:La Vie littéraire, II.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Au fidèle matin renaissaient rafraîchis.

 Étendus sans bouger, droits, les bras seuls fléchis
 Pour rapprocher leurs mains et les unir, il semble
 Que le trépas déjà les ait glacés ensemble.
 Ils n’ont pas vu la mort achever leur repos :
 Leurs yeux, à leur insu, par degrés se sont clos ;
 Leurs fronts n’ont plus pensé, décolorés à peine,
 Et tout bas, ralentie, a cessé leur haleine.
…………………………………………….
 Quand le soleil du monde abandonné par eux
 Embrassa tout à coup l’horizon vaporeux,
 Une abeille rôdeuse, explorant les prairies
 Sur un amas foulé de mille fleurs meurtries
 S’arrêta pour y faire un butin pour son miel,
 Comme avec la douleur se fait la joie au ciel.

La Mort les a emportés inertes vers la terre. Au moment de toucher l’antique planète d’où montait un si grand cri de douleur, Faustus et Stella, ranimés, reconnaissent leur première patrie, mais ils n’y découvrent plus d’hommes ; l’espèce humaine y est depuis longtemps éteinte. N’importe ; ils descendront dans ce monde mauvais. Ils se dévoueront à créer, sur le sol qui nourrit jadis tant de souffrances, une race heureuse. Tandis qu’ils s’y décident, obéissant à un ordre divin ; la Mort les emporte vers le plus haut séjour, mérité par leur incomparable dévouement. Hélas ! que feront-ils dans ce séjour glorieux ? Puisque nous savons, par leur exemple, que, même hors de la terre, il n’y a de joie que dans le sacrifice, nous craignons, qu’en ce septième ciel, où la Mort les dépose, ils ne goûtent qu’une insipide félicité. Quel est le vrai nom de ce séjour sublime que le poète ne nous nomme pas ? N’est-ce point le nirvâna qu’on y trouve ? Et le rêve heureux du poète ne