à main levée et sans se reprendre, et qui sait combiner harmonieusement les nombreuses parties d’un caractère est déjà un dessinateur. Pour mettre bien d’aplomb ses rangées de signes, il faut du coup d’œil et du sang-froid (rappelez-vous que chez nous, les gens nerveux écrivent de travers), pour les faire tous de même taille et de même volume, variant les dispositions des parties pour former des masses homogènes il faut le sens de la forme et des proportions. Il ne faudrait pas condamner ce système d’écriture comme encombrant et souhaiter que les Japonais adoptassent nos affreuses pattes de mouches, tout l’art du Japon, c’est-à-dire ce qu’il a produit de meilleur et de plus à lui repose surcette étude traditionnelle des caractères chinois. Tout Japonais sait dessiner, pour peu qu’il sache écrire, et on ne fait aucune différence de mérite entre un peintre et un grand calligraphe. On orne sa maison au moins autant de beaux autographes que de sujets de genre ; on met indifféremment au fond de l’autel domestique les caractères qui forment le nom d’Amida ou son image ; un kakémono écrit par un maître coûte aussi cher qu’un dessin, et c’est bien un dessin aussi d’une grande valeur décorative.
La langue japonaise est douce et plaisante à entendre,