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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/17

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d’information dans l’observation minutieuse de ses caractères physiques, de ses mouvements, de sa démarche, de sa façon de saluer, de s’asseoir, de manger et de s’amuser. Il faudra étudier son histoire pour tirer des inductions de son origine et de ses transformations : sa langue pour apercevoir le mécanisme de sa pensée ; ses dieux pour juger la valeur de son idéal ; son art et sa littérature pour apprécier son goût et son esprit ; enfin sa morale, ses coutumes, son climat et les productions de son sol. Nous prendrons tous ces items un à un, d’après mes observations personnelles ou d’après les meilleures sources. Saurons-nous après ce qu’il y a derrière le petit front jaune ?

Le Japonais est incompréhensible parce qu’il est avitrement, non seulement par rapport à nous, mais par rapport aux autres Orientaux. L’expérience et les comparaisons ne servent de rien pour l’élucider. Entre lui et nous, on a le sentiment de l’infranchissable : je trouve dans mes notes écrites sur place cette réflexion cruelle : « les rapports d’homme à bête sont plus coulants et plus cordiaux que d’Européen à Japonais ». (Non que le Japonais soit une bête, ni l’Européen supérieur, c’est peut-être tout le contraire). Mais on éprouve en face de lui quelque chose de cet