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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/18

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inconnu, de cette inquiétude qui caractérise nos relations avec un animal nouveau qui ne nous appartient pas.

C’est qu’en effet, c’est un animal d’une autre espèce et il ne nous appartient pas. La plupart des pays d’Orient que nous connaissons ont passé sous la domination européenne. L’Occidental y est le maître, haï, méprisé autant que craint, mais le maître. On étudie sa langue et on a intérêt à s’entendre que bien que mal avec lui. Au Japon, il est l’Étranger, redouté, jalousé, à la fois envié et méprisé, il peut être utile, il n’est pas le maître. On lui a déjà fermé la porte au nez pendant deux siècles, on aimerait probablement la refermer de nouveau, maintenant qu’on a appris de lui tout ce qu’on avait besoin de savoir. On étudie une de ses langues pour utiliser ses livres et pour avoir avec lui les communications indispensables, mais non pour l’amadouer et se faire connaître à lui. Jamais un Japonais (sauf de très rares et intéressantes exceptions) ne cherche à se faire comprendre d’un Occidental, il ne s’explique point de lui-même et il ne répond pas aux questions qu’on lui pose. D’autre part, il n’est pas obligé d’ouvrir ses archives et de supporter toutes les enquêtes comme un pays conquis. Et il est défendu contre les curiosités extérieures par une langue