Aller au contenu

Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toujours jolies, les pieds aussi. Ils portent les ongles très longs (moins pourtant que les Chinois), les cheveux courts à l’européenne, assez bien plantés autour du front, trop dégarnis sur la nuque. Leur démarche est légère, un peu vacillante à cause des patins de bois ; ils vont tout d’une pièce et un peu de guingois, le regard perdu droit devant eux ou curieux de l’étranger. On est frappé tour à tour de leur gaieté enfantine et de leur aspect extrêmement réservé. Ils n’ont jamais l’air contrarié, ni furieux, ni empressé, mais souvent naïf ou moqueur. Ils ne jurent jamais, ne crient pas, ne gesticulent pas, ne s’interpellent pas. Quand ils se rencontrent, ils se saluent très bas et de côté, les mains aux genoux en échangeant des politesses à mi-voix. Pas de poignées de mains, pas de baisers, pas de gens qui se tiennent par le bras ou autrement dans la rue. On va claquetant des socques les uns à côté des autres, un aimable sourire sert de lien et montre qu’on est de compagnie. Le Japonais sourit beaucoup, c’est sa politesse ; son sourire est aimable et banal, ni fin ni sarcastique. Sourire qui n’est pas rare est joyeux et enfantin, le rire de gens qui s’amusent de tout cœur et assez innocemment. Pour s’asseoir, il s’agenouille et s’appuie sur ses talons, les deux pieds croisés sous son séant. Les mains se croisent volon-