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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/23

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tiers sous les manches ou s’allongent non sans dignité sur les genoux. Ses mouvements sont gracieux, très simples et fort bien ajustés quand il a à prendre, manier ou poser quelque chose : il n’est ni très vif ni très lent. Il décroise ses pieds quand il a la crampe, mais il ne s’agite pas pour changer de position (à moins qu’il ne soit vêtu à l’européenne, son malaise est alors évident et se manifeste parfois d’une façon un peu ridicule). Il ne se laisse pas aller, ses membres sont toujours ramassés et un peu serrés. Les Anglais disent il est self possessed ; nous disons : il est bien élevé.

Il fume constamment des cigarettes fort courtes ou une toute petite pipette d’où il tire trois bouffées, puis un certain bruit sec qui est avec le claquement des socques de bois le plus japonais des bruits ; il n’y a d’ailleurs pas de bruits au Japon. Il s’abrite indifféremment de la pluie ou du soleil sous un énorme parapluie en papier huilé sur lequel on peut lire son nom en gros caractères chinois. Le parapluie est grand, le Japonais mince, et comme il pleut constamment, le souvenir visuel le plus net qu’on emporte du Nippon, c’est une large galette en équilibre sur un piquet branlant, ou un vaste champignon qui oscille sur un pied étroit et mal équilibré. Il ne porte pas ses paquets dans du