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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/38

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soit le fond même de l’âme japonaise, comme l’a cru un des plus célèbres interprètes du Japon.

Je ne crois pas du reste que ce soit à une religion qu’il faille demander l’ultima ratio de l’âme japonaise. La renaissance du Shinto est venue à l’heure voulue pour servir à la restauration du pouvoir impérial, elle en a été un des instruments principaux, elle reste un appui du trône et un lien national. Tant que durera au Japon la crise de patriotisme, le Shinto sera nécessairement en hausse : il représente à la fois le sentiment national, qui est l’idée dominante actuelle, et les intérêts de la famille impériale. De plus, il n’est pas gênant et il flatte l’amour-propre japonais.

Qu’est-ce que le Shinto ? D’après Aston[1] c’est dans son origine un système très rudimentaire de culte des forces de la nature personnifiées dans des dieux assez peu définis que l’on suppose résider en esprit dans les temples construits pour eux. À ces dieux naturels du soleil, des rivières, des champs, etc., etc., se joint peu à peu l’adoration d’esprits des morts (parfois des vivants) et enfin le culte des ancêtres emprunté à la Chine. On appelle Mitama cet esprit du dieu résidant dans le temple : c’est un terme

  1. Shinto : The way of the gods.