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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/39

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vague. Il y a d’ailleurs peu de termes abstraits dans la langue japonaise et peu d’idées abstraites, les dieux japonais n’ont rien d’abstrait non plus. Le dieu n’est représenté par rien dans le temple, ou par un miroir. Le temple lui-même est une hutte de bois recouverte en chaume qui conserve tous les caractères de l’ancienne hutte japonaise. Uji Gami est un mot important d’usage courant dans la langue. Il représente une divinité que Aston dit patronale, Lafcadio Hearn ancestrale, sûrement une divinité de famille à laquelle on appartient comme on appartient à sa race. Qu’à l’origine l'Uji Gami ait été réellement le premier ancêtre venu du continent, ou un dieu que la famille avait apporté comme ses lares, il n’importe pas beaucoup : le fait patent c’est que le japonais tient encore à son Uji Gami ; s’il est de condition modeste, il ne prétend point à un Uji Garni familial, il se considère comme appartenant à celui de son village ou de sa paroisse. Même bouddhiste, il présente son enfant nouveau-né au prêtre de son Uji Gami et celui-ci accomplit des cérémonies qui ressemblent singulièrement aux conjurations magiques qui accompagnent notre baptême. Il est vrai que par compensation c’est un prêtre bouddhiste qui préside aux enterrements[1].

  1. J’ai vu à Kyoto, au temple du Gyon, un de ces baptêmes shinto. Il y avait la petite maman, la petite bonne et bébé couché