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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/60

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fidèle autour d’un fantôme d’empereur partagé entre la débauche et l’extrême dévotion. Le style est filandreux — Genji Monogatari, 4 234 pages — leste sans indécence ; des Européens qui avaient eu le courage d’en entreprendre la lecture ont qualifié son auteur « d’ennuyeuse Scudéry ». Une autre femme de la même cour et du même temps a laissé un livre moitié mémoires et moitié mélanges, le Makura Zoshi (croquis sur l’oreiller), 12 volumes, 646 pages, qui donne une idée très nette de l’esprit du temps. Plus tard le roman change de cadre, mais non de proportions (Kakkenden, 106 volumes) ; il devient roman d’aventure, se permet des grossièretés au scandale des Japonais, mais à la joie des Européens, et s’adresse davantage au peuple qu’il ne dédaigne pas de peindre. Il est souvent historique, parfois judiciaire, enfin de nos jours il se modèle sur Zola et l’école réaliste française. Les Japonais modernes n’ont pas plus peur que leurs ancêtres de récits indéfiniment longs (à ce que j’ai trouvé dans des traductions fort raccourcies à notre usage), très délayés et pas bien intéressants. Ils se passionnent pour des traductions ultra japonisées de livres occidentaux qui ne sont pas toujours ceux que l’on s’attendrait à voir choisir. Il en est de même des drames : Shakespeare, adapté et mécon-