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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/59

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cosmogonie, le Kojiki et le Nihongi ont la prétention d’être des histoires et on y trouve la généalogie fabuleuse et les non moins fabuleuses annales des premiers empereurs que la critique occidentale se refuse à accueillir. Il y a encore beaucoup à faire pour tirer de ces anciennes mythologies tout ce qu’elles renferment d’utile, au point de vue surtout de la mythologie comparée ; mais en tant que monuments littéraires, on peut les considérer comme assez grossiers, confus et… ennuyeux.

Dès le xe siècle nous trouvons une très grande quantité de romans de cour très longs, très détaillés, où la vie élégante, aristocratique, mais étroite et frivole des empereurs et de leurs courtisans est minutieusement conservée. Le Genji Monogatari en est le plus célèbre, il est écrit par une femme comme beaucoup d’autres du reste. Ces romans — presque impossibles à lire pour des Européens tant ils sont ennuyeux — dépeignent une petite cour où on n’avait pas à s’occuper du gouvernement, mais seulement de tuer le temps. Ils ne sont pas remplis de politique, on n’en faisait pas à la cour impériale, mais de tournois poétiques, de descriptions de toilettes, de clairs de lune et d’airs de flûte. Leurs personnages sont très efféminés, groupés en petit cercle exclusif et