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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/66

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et une syllabes, et il est possible de deviner même à travers une traduction presque impraticable quelque chose du charme de l’original. Tendrement épris de la nature, c’est elle qu’il peint en vers comme il la peint sur un kakémono ou un fusuma. Il y a quelque chose de la grâce suggestive de ses lignes dans ses vers. Un bambou qui frissonne au vent sur une porte à coulisse ou un bambou décrit en 17 syllabes, vous donne la même sensation de plaisir prolongé en rêve. Ce n’est qu’un bambou, et à peine indiqué, et cela touche à l’infini : le tout est percevable dans l’infime partie. Peut-être, pour nous qui ne pouvons apprécier le son des vers japonais et l’ingénieux agencement des mots, leur trouvons-nous justement le charme des dessins qu’ils suggèrent et nous voyons tout de suite apparaître une adorable feuille de paravent dans :

Une nuit d’automne. Et la lune
Qui éclaire une à une les oies sauvages
Les ailes entrecroisées
Qui volent sur les nuages blancs.

Avec un peu de poudre d’or, vous avez cela chez vous et vous aimez à le regarder. Cette poésie est