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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/68

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Enfin il faut surtout citer le fameux petit poème de Motoori (xviiie siècle) que les Japonais acceptent comme la meilleure expression de l’âme Japonaise et qu’ils citent volontiers aux étrangers perplexes :

shikishima no
yamto gokoro no
hito towaba
asa ni ni niou
yama zakura bana

Si l’on t’interrogea sur l’esprit du Japon,
Montre le cerisier sauvage en fleur
Sous les premiers rayons du soleil.

Combien insaisissable et loin de la nôtre l’âme d’un peuple qui se dépeint elle-même comme un cerisier en fleur !

Si on a remarqué les dates de ces poésies fugitives, on aura vu que le Japon le plus reculé pratiquait déjà l’art poétique sous une forme légère et aimable. Et ces dates se rapportent seulement à la compilation des recueils, les poésies elles-mêmes peuvent être bien plus anciennes. Manyoshu n’est pas un nom d’auteur, mais le titre d’une anthologie : « les 10 000 feuilles », Kokinshu veut dire : « poèmes anciens et modernes », mais il ne faut pas prendre « moderne »