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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/69

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au pied de la lettre, cela remonte au xe siècle. Vraiment nous avons bien là un reflet de l’âme japonaise, quelque chose qui lui appartient en propre, qui n’est même pas venu de la Chine et qui vit toujours. Quelque chose que l’on considérait il y a quelques années à peine comme une des branches les plus essentielles de l’éducation d’un homme distingué, quelque chose qui s’enseigne encore et fait vivre des professeurs, donne lieu à des concours présidés par le souverain qui y prend part, quelque chose qui résiste aux chemins de fer et au costume européen. Il peut être curieux de savoir quels sont les sujets de ces exercices poétiques nationaux. Chez nous les académies proposent des canevas de grande envergure, il faut pour être couronné enfler sa voix et traiter avec ampleur de grands événements ou de grands personnages. Le Petit Fils du soleil, là-bas au Nippon, propose avec douceur à ses féaux sujets : Des Pins reflétés dans l’Eau, ou la Longévité du Bambou vert. Cela coïncide comme époque avec la guerre de Mandchourie, comment réconcilier deux idées si éloignées ? Comment interpréter ce « cerisier sauvage en fleur » qui va-t-en guerre comme Malbrouck mais revient victorieux ; ce poète de 31 syllabes en cinq vers qui construit des cuirassés, cet éternel artiste du bambou qui s’impose comme un conquérant ?…