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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/77

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au contraire le propre de l’esprit japonais et c’est à quoi il excelle surtout. Il saisit les possibilités pratiques d’une idée abstraite qui en tant que telle ne l’intéresse pas, avec une sûreté de coup d’œil et une ingéniosité d’application surprenantes. Il est toujours à l’affût des idées des autres, — puisqu’il n’en a pas lui-même — pour en tirer un parti imprévu. C’est ce qui explique la rapidité de la diffusion des progrès occidentaux les plus récents, leur emploi peut-être plus rationnel et poussé plus loin au Nippon que dans leur pays d’origine, l’assimilation intégrale et combien heureuse des méthodes militaires ou maritimes nouvelles. Cela prouve que le Japonais a l’esprit juste et les idées bien coordonnées ; à défaut d’envolée géniale, il a la déduction sûre.

Quant à la morale, le Japonais est aussi « à rebours » sur ce chapitre-là que sur les autres. Il n’a de son fonds que cet axiome un peu maigre : fais ce que ton cœur te dicte et obéis à l’empereur. Il n’a pas un moraliste, pas même un fabuliste national, pas un livre, pas un code, Confucius toujours à part, et c’est l’être le plus perpétuellement moralisant qu’on puisse trouver. Tout, absolument tout, est minutieusement prescrit au Japon, non pas comme ailleurs par voie