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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/78

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d’interdiction des choses nuisibles : tu ne feras point, etc., etc., mais par préceptes impératifs. Ce qu’on doit faire, quand on doit le faire, comment on doit le faire, ce qu’on doit dire, quand on doit le dire, comment on doit le dire, ce qu’on doit penser, ce qu’on doit manger, comment on doit s’amuser, quand et comment on doit mourir, tout est prescrit dans le dernier détail, tout le monde le sait et tout le monde obéit. Il n’y a pas de vieilles tables de la loi, point d’oracle de la sibylle, point de livres sacrés, point de législateur national[1]. On est pris dans un engrenage de coutumes, de convenances, d’étiquette, d’opinion publique tel que personne ne peut songer sérieusement à s’en écarter, et tout le monde s’intéresse à ces mille et cent lois, tout le monde les cite, les exprime symboliquement, contribue à les conserver et les respecte. Il faut traduire « ce que ton cœur te dicte » par « ce que tout le monde fait et te dit de faire ». Puis intervient la volonté de l’empereur qui prime tout, à de certaines époques critiques boule-

  1. Quand il a fallu un code civil pour se mettre à la mode, les Japonais ont pris le nôtre. Nous sommes apparemment pourvus d’un outil supérieur à celui des autres nations puisque le pénétrant Japonais lui a fait l’honneur de le choisir, — il est vrai que jusqu’à présent il ne s’en sert pas !