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Page:La Ville de Mirmont - La Mort de Sancho, paru dans Le Quotidien du 4 septembre 1927.djvu/8

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Sancho rentra, battit le briquet, ouvrit un bahut. Il prit, pour la revêtir, la tunique de bouracan parsemée de flammes peintes, qu’il avait portée chez le duc, lors de la résurrection de la belle Altisidore. Il coiffa, de même, la mitre pointue, chamarrée de diables. Puis il s’en fut à travers la campagne, trébuchant contre les pierres, et pénétra jusqu’au milieu de la forêt. Là, il s’étendit au pied d’un chêne-liège. Les bruits nocturnes le firent tressaillir de peur et d’allégresse.

― « Que votre grâce dorme tranquille sous son armure, dit-il avant de s’assoupir. J’ai mis l’entrave à Rossinante, pour qu’elle puisse brouter tout à son aise sans s’éloigner. »

Vers l’aube, des cris d’oiseaux le réveillèrent ; une lueur rouge s’infusait parmi les troncs des arbres. Un chevrier, dans la plaine, rassemblait son troupeau en soufflant dans une corne.

― « Le son du cor, seigneur chevalier de la Triste Figure ! s’écria Sancho. Je crois que voilà pour nous une bien nouvelle aventure ! »

Puis il retomba sur le gazon. Tout porte à croire qu’il mourut sans souffrance, puisqu’il avait enfin connu la sagesse. Jean de la Ville de Mirmont.