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xv
DE LA LANGUE BRETONNE.

etc.[1] ; je me bornerai, pour abréger, aux éléments grammaticaux les plus essentiels, à ceux du verbe. Comparer ces éléments entre eux dans les quatre dialectes, et résumer les lois communes suivant lesquelles ils se combinent, sera caractériser suffisamment la langue celtique dans sa grammaire, et en faire connaître la nature intime.

Si nous décomposons le verbe celtique des dialectes bretons et gaëls, nous y trouvons trois éléments fondamentaux : la personne qui agit, l’action qu’elle fait, et le temps où elle la fait. La racine même du verbe indique l’action ; l’élément du temps est marqué par une certaine caractéristique que nous indiquerons tout à l’heure, laquelle varie avec lui ; celui de la personne est marqué par le pronom, tantôt faisant corps avec les éléments de l’action et du temps qu’il suit, tantôt séparé et distinct. Les verbes celtiques ont donc deux formes de conjugaison, l’une que les grammairiens bretons nomment personnelle, où les désinences seules indiquent la personne, l’autre qu’ils appellent impersonnelle, où le pronom n’est pas uni au verbe.

Étudions ces éléments divers. Les pronoms qui concernent la personne sont différents, selon qu’ils sont employés comme sujets des verbes ou affixes, et comme régimes ou suffixes ; dans le premier cas, leur caractéristique est pour la première personne du singulier m, pour la seconde t, pour la troisième h ; au pluriel, pour la première personne n, pour la seconde c’h (χ) et v, pour la troisième nt[2].

Quand le pronom personnel est employé comme régime direct ou suffixe, la caractéristique de la première personne au singulier est v (permutation régulière du radical m, conservé en gaël), rendu en gallois par un v ou un f (autrefois par un m), par deux ff en breton, anciennement, et aujourd’hui par un n redoublé, qui, dans plusieurs dialectes armoricains a un son nazal très-sourd qu’on prononce à peine. La caractéristique de la seconde personne est une consonne double d’un son particulier qu’on rend en gallois par le th anglais, en breton par z et en gaël par r. Celle de la troisième manque. Au pluriel, la première personne a pour caractéristique un m, la seconde un t ou un h, la troisième un t ou un d, sa correspondante dans l’ordre des mutes précédé ou non d’un n nazal[3].

  1. Parmi. Gaël, measg (pron. mesk). Gallois, mesk. Breton, mesk.
  2. Je, moi. Gaël, mi. Gallois, mi. Breton, et mi.
    Tu, Toi. Gaël, ti. Gallois, ti. Breton, et ti.
    Il, lui. Gaël, se (s pour h) ou ou ézan. Gallois, ou hev. Breton, (anc. heff) et héñ et ézhañ ou éhañ.
    Elle. Gaël, hi et izé. Gallois, hi et hizai. Breton, hi et ezhi ou éhi.
    Nous. Gaël, sinn et sin-ni (s pour h, d’où hinn). Gallois, , min-nî et hon. Breton, ni, nin et hon-nî et hun.
    Vous. Gaël, siv (s pour h, d’où hiv ou c’hiv). Gallois, c’hi et c’houi. Breton, c’houi et hui.
    Ils, elles. Gaël, hiad et hiañt (pron. hioñt). Gall., houiñt, fiñt et hi. Bret. hi et iñt ou hiñt.
  3. Voici le pronom, régime direct, combiné avec la racine d’un verbe :
    Je brûle. Gaël-irl., loisg-{{sc|aim} (pron. loskam). Gall., losk-av (anc. loskam). Breton, losk-ann, autrefois loskaff.
    Tu brûles. Gaël-irland., loisg-air (air pour er). Gallois, losk-eth (pron. loskez). Breton losk-ez.
    Il brûle. Gaël-irl., loisg… Gallois, losk… Breton, losk
    Nous brûlons. Gaël-irl., loisg-am (pronon. om). Gallois, losk-am. Breton, losk-om et losk-omp.