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ESSAI SUR L’HISTOIRE

serait trop long d’énumérer. Ainsi, par exemple, dans les noms en as, ils retranchèrent la terminaison is du génitif, changèrent a en o ou en e, et la consonne finale de forte en douce (i). Dans les adjectifs, même syncope, mais seulement pour la terminaison du nominatif (2). Dans les verbes à l’infinitif, suppression de la dernière syllabe remplacée par une terminaison celtique (3) ; au participe passé, suppression seulement de la désinence us (4). Quelquefois le terme latin était métamorphosé par une contraction tellement énergique qu’il devenait méconnaissable ; je cite comme preuve le mot angélus, dont les Bretons ont fait ei (5). Ce fut surtout, et cela se conçoit, durant le séjour des Romains parmi eux, et aux deux siècles suivants, que cette manie latine eut cours : le barde Taliésin l’a poussée quelquefois jusqu’à une exagération dont la cause ne peut être que le désir de passer pour savant ; non-seulement il emploie les mots latins avec la forme altérée qu’ils ont gardée en passant dans la langue bretonne (6), mais souvent il leur conserve leur terminaison originale (7) et va même jusqu’à bigarrer ses écrits de phrases entières du latin barbare qu’on parlait vulgairement dans les hautes classes et dans les villes romano-bretonnes aux siècles qui précédèrent le sien (8

Cette tendance funeste, qui fut toujours celle des pédants, ne dut pas être sans influence sur la détermination prise au ixe siècle par les chefs bretons, protecteurs naturels de la langue et de la littérature nationales, lorsqu’ils éloignèrent prudemment de leur peuple les évêques et les prêtres ignorant l’idiome du pays. Mais, après tout, les mots ne sont que l’accidentel du langage ; je les comparerais volontiers aux menues branches et aux feuilles d’un arbre sans cesse remplacées et renouvelées : le temps a moins de prise sur le fonds, l’essence, la constitution de la langue. Sous ce rapport, comme je l’ai déjà fait observer, le breton est resté identique et invariable du ve au xiie siècle, dans les lois générales que j’ai exposées en traitant de ses origines. On les retrouve dans la grammaire écrite au ixe siècle, par Ghéraint, modèle de toutes celles qui ont été composées depuis, en Galles, et qui n’en sont même que des amplifications, comme leurs auteurs le reconnaissent formellement, en citant toujours avec

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  1. De trinitas, trinitatis, ils firent trindod ou trinded. du monde. (Ibid.) (4) De benedictus, bendiget ou benniget. Mé a boé enn logod jjoel bendiget, qu’il soit béni. (Taliésin.) Enn goulad ë ’ann) trindod. (Taliésin.) ^5) u^j^^ord angel. Gérwer angel. [T Aies.) i ai été souris dans le pays de la Trinité. Les paroles de l’ange. (Myvyrian Arcli. T. I. p. 39.) (6) Prctor David, le cœur de David. Reks (2) De mutus, mud, elc. rehsed. le roi des rois. Krc’h é menez ; gwenn Icin dar ;, 7) gwélaz-lé Dominus fortis ? as-tu vu Mud eo aon. g e lavar. le Seigneur puissant ? vS. SuUo.), 0 >/.,, »^ 1 ’jf i- I . .,„ ;„^ rK, :ii„v,.,„ I ^, 1 • (8 iJarogan doufn DoMiNi, la prédiction La ncigefbrlc. surla montagne j la cime profonde du Seigneur.
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    ;„’r ^rh^S M v’^v^^^^ ’"'^T RoGENTP. SFonncM, le roi des nations pui..
    [Kiur parler. ( Mi vyr an Arcii. 1. I. n. 1G3 • rr -. j xt . •, _ •,. ’ … *. j.|j. xuj.) sanles.— //on tad, HON PATKR. Notre perc. {^) lïc ^pohare, espeiha. j^^^a nôz rag déz, pater noster, ambdlo, Ne herenl… la nuit se cache devant le jour, notre père, Am ESPF. iLio m da ied. (Taliesin.) je me promène, elc. Myvyrian. T. I. p. 23, Mes parents me dépouilleront de mes biens 32, 33, 34, 39.)