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ESSAI SUR L’HISTOIRE

pect et de l’estime pour vous-mêmes. Respectez-vous comme chrétiens : aucun titre sur la terre n’égale celui-là en grandeur et en espérances. Estimez-vous comme Bretons ; ce nom, quand il est bien porté, est un gage d’attachement aux vieilles croyances, de fidélité aux pratiques saintes, de constance dans le sentier du devoir. Vous avez besoin, dit-on, d’être polis par la civilisation avancée du siècle : nous ne disputerons pas ; mais prenez garde qu’à force de vous polir, la civilisation ne vous use, n’efface l’empreinte de votre caractère religieux. Voilà, N. T. C. F., le sujet de nos alarmes ; voilà pourquoi nous voyons avec un contentement réel que vous teniez à vos vieux usages, à vos vieux costumes, à votre vieille langue ; et nous ne parlons pas ici, en littérateur préoccupé de questions philologiques en artiste épris de formes pittoresques, mais en évêque convaincu par l’expérience et la raison de l’étroite liaison qui existe entre la langue d’un peuple et ses croyances, entre ses usages et ses mœurs, entre ses habitudes et ses vertus. »

Peut-on mieux penser et mieux dire ? Si Le Gonidec est l’écrivain qui a fait les plus beaux ouvrages en langue bretonne, l’évêque de Quimper sera de tous les prélats bretons celui qui aura le plus contribué à rendre durable le mouvement intellectuel qui leur doit naissance. Maintenant, les instructions pastorales publiées seulement en français jusqu’ici, paraissent dans les deux langues, et sont pour la littérature armoricaine une nouvelle source de richesses.

Il nous reste à voir quels sont les caractères de l’orthographe, du vocabulaire et de la grammaire bretonne, depuis la fin du xve siècle. Nous les exposerons en peu de mots.

Voici la liste des ouvrages bretons les plus importants publiés dans cet intervalle :

1o Le nouveau Catholicon, dictionnaire breton-français-latin [1], 1501.

2o Quatre mystères en vers, savoir : le Mont du calvaire ; la Passion de Jésus-Christ ; le Trépas de la Vierge Marie et ses quinze joies (^VŒME^yi kth AîTN Itron Maria ha hé pemzék lévénez) ; la Vie de l’homme (Buhez map-dén) [2], 1517 et 1530.

3o La Vie de sainte Barbe, telle qu’on a coutume de la jouer en Basse-Bretagne (Buhez santez Barba ével m’az kustumer hé hoari enn Goélet-Breiz), et « Vie de saint Gwénolé, autres mystères en vers [3], 1557.

4o Les quatre fils de l’homme (Ann pévar fin divezaff), par le P. de Penfentenyo ; et Le miroir de la Mort, (Mellézour ann marv), poésies religieuses et morales [4], 1562 et 1670.

5o Deux traductions en langue bretonne, l’une du catéchisme latin du P. Canisius ; l’autre du catéchisme français de R. Benoist, curé de Saint-Eustache à Paris, par Giles de Kerampuil [5], 1576.

6o Une traduction de la Doctrine chrétienne, de Bellarmin, par Ives Le Baelec, suivi d’un recueil de cantiques notés, et d’une vie de saint Pol de Léon, par frère Bernard, de Saint-Pol, carme [6], 1616 et 1628.

  1. Imprimé à Paris, chez Quillevere.
  2. Chez le même.
  3. A Morlaix, sur le Pont-Bourret.
  4. Même ville, au couvent de Cuburien.
  5. A Paris, chez Jean Kerver.
  6. La première édition à Nantes, la seconde à Morlaix, chez Georges Allienne.