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ESSAI SUR L’HISTOIRE

26o La Genèse (Levr ar c’hénéliez), traduuite en breton par M. l’abbé Henry, avec approbation de Mgr l’évêque de Quimper[1], 1847.

27o La nouvelle grammaire bretonne, d’après la méthode de Le Gonidec, suivie d’une prosodie, publiée par la Société du Breûriéz ar Feiz, avec cette épigraphe tirée du barde Taliésin :

Hô Doué a guroñt,
Hô iéz a viroñt :

« ils aiment leur Dieu, ils conservent leur langue» [2], 1847.

Quelque longue que soit cette liste, d’ouvrages, il serait facile de l’augmenter encore par l’énumération de toutes les poésies bretonnes qu’on imprime journellement et en si grand nombre, soit en brochures ou sur feuilles volantes, soit dans les revues ou les journaux de Basse-Bretagne j aux noms cités, nous pourrions joindre ceux de beaucoup d’autres écrivains de mérite appartenant, comme les précédents, aux trois dialectes usuels de Léon, de Cornouaille et de Tréguier : l’abbé Le Scour ; le docteur Guizouarn ; M. Laouénan, auteur d’un roman breton prêt à paraître ; M. Prosper Proux ; M. Guenuoc, de Lesneven ; l’abbé Clec’h, qui termine un poëme sur la grande querelle des de Blois et des Montfort ; enfin, l’abbé Le Joubioux, auquel le dialecte breton-gaël, si négligé, de Vannes, doit un premier essai de réforme, par la méthode de Le Gonidec, et qui propage dans le Morbihan le mouvement déjà opéré dans le Finistère et les Côtes-du-Nord. Mais il faut se borner [3]. Je passe donc à l’examen de l’orthographe, du vocabulaire et de la grammaire, tels que nous les montrent les divers ouvrages que nous venons d’énumérer. L’orthographe arbitraire, née pendant la période de décadence de la langue bretonne, et dont nous avons indiqué les caractères, continua à avoir cours de l’an 1500 à l’année 1600, et à se modeler sur celle de France, qui n’était elle-même ni moins arbitraire, ni moins inconstante. Le changement le plus important que font pressentir les livres imprimés entre ces deux dates, surtout quand on arrive au xviie siècle, est l’adoucissement du langage, par la suppression de certaines consonnes, soit au commencement, soit au milieu, soit à la fin des mots [4]. Les écrivains bretons subissaient insensiblement en ce point l’influence de la mode française ou plutôt italienne ; plusieurs étaient les premiers à convenir, avec Giles de Kerampuil, « que l’idiome breton est rude et mal poli en sa diction ; qu’ils ne sont bretons quasi que par force ; que d’ailleurs la première modelle n’est jamais pollie, mais s’approprie par la vue et maniement des

espritz », c’est-à-dire, pour parler clairement, qu’on prononçait

autrement
  1. Quimperlé, Guffanti-Breton, éditeur.
  2. Saint-Brieuc, L. Prud’homme, éditeur.
  3. La Revue d’Armorique a donné de nombreux morceaux choisis tirés de leurs œuvres de celles de plusieurs autres poètes vivants, dans une série d’articles intitulés : Revue de la poésie bretonne contemporaine, 1843, 1844, 1845 et 1846.
  4. Ainsi, au heu de lleo (écoute), dont le double l est aspiré, et qu’on prononçait encore an xiiie siècle c’hléo (voy. sainte Nonne, p. 4 et 6), on écrivit et l’on prononça léo. Au lieu de llavar (langage), on écrivit et prononça lavar. Au lieu de laézroñsi (vol), laéroñsi. Au lieu de bezret (cimetière), béret. Au lieu de breuzr (frère), breûr. Au lieu de gouzaffet (souffert), gouzavet. Au lieu de aznaout (connaître), anaout. An lieu de goffiziédégez (savoir), gouiziégez. Au lieu de marv (mort), marô ; de bézaff (être), de pédaff (je prie), d’anézaff (lui), de gañt-haff (avec lui), etc., bézann, pédann, anézhañ, gañt-hañ, etc.

    Va malloz a bédann gañt-ha,
    Ha gañd ar skeud eûz anézha.

    « Je lui donne ma malédiction, et même à son ombre ! » (Le Nobletz, Ar Vuhez gristen, p. 87.)